Retour hétéroclite

Intro

J’ai le plaisir et l’honneur de réinvestir mon propre blog, après avoir lamentablement loupé son 6ème « moisiversaire » (qui du coup, porte bien son nom). Il y a des gens qui font les choses bien, et il y a BiÔna qui abandonne son blog pendant plus d’un mois et demi et n’est pas capable de pointer son museau pour fêter dignement les 6 mois de son cyber-baby, enfanté dans la couleur un beau matin d’été.
Prise dans les remous d’activités aussi passionnantes que chronophages (et hétéroclites), entourbée dans la frimitude grinçante d’un hiver qui n’en finit plus (et d’une phrase qui ne veut rien dire), eh bien, comment dire..? Je me suis éloignée.
Mais pour cet anniversaire, j’avais envie d’être là (même un petit peu en retard) et d’offrir de jolies choses au blog et à ses lecteurs, des couleurs qui se dégustent, des photos qui se racontent, des histoires qui se dévorent… et puis peut-être une recette, aussi ;) C’est parti.

La recette : assiette d’hiver au shiitaké cru

« Carpaccio de shiitaké et poires au thym sur écrasé de pommes de terre nouvelles au citron doux » c’est un peu long (et pompeux) pour une recette finalement très simple. J’y utilise des produits qui viennent de loin (pommes de terre de Sicile, citron doux d’origine inconnue) et pour me rattraper, des produits qui viennent de tout près, en direct du producteur (poire et shiitaké). Et si je vous dis que j’ai visité une champignonnière, je suis certaine que je vais faire des envieux, enfin du moins des curieux !

Pour 2 personnes…
    Faire cuire à l’eau 6 petites pommes de terre (pommes de terre nouvelles de Sicile) avec leur peau, environ 15 minutes. Pendant ce temps, détailler en lamelles le chapeau d’ 1 gros champignon shiitaké (ou de 2 moyens). Extraire le jus d’ 1 citron doux (acheté dans une petite épicerie iranienne, rue des Entrepreneurs à Paris) et râper la moitié de son zeste. Passer 1 petite poire conférence à la mandoline dans le sens de la longueur (tranches épaisses si possible, env. 4 mm, ou bien les réaliser au couteau) avec peau et pépins. Écraser dans un mortier 1 CS de thym frais (en enlevant le maximum de tige) dans 4 CS d’huile d’olive. Il faut que l’huile devienne verte et trouble. Verser 1 à 2 CS de cette huile dans une poêle chaude avec 1 gousse d’ail juste écrasée sous la paume, et les tranches de poire. Laisser cuire quelques minutes à peine, il faut que chaque face soit un peu colorée. Retirer l’ail. Après les avoir pelées, écraser à la fourchette les pommes de terre avec le zeste de citron râpé, 1 CS d’huile au thym et la moitié du jus de citron. Saler et poivrer. Placer cette purée dans les assiettes et disposer les lamelles de shiitaké par dessus, avec les tranches de poire. Arroser le shiitaké de l’huile et du jus de citron restants. Saler et poivrer. On pourra décorer le plat avec des zestes de citron doux en fines tranches (plus fines que sur la photo, ce sera plus joli !).

La champignonnière

Je pourrais vous donner tout un tas d’infos mais je vais aller à l’essentiel et vous dire ce qui m’a le plus marqué dans cette histoire. Le lieu, d’anciennes carrières à Méry-sur-Oise, un dédale de couloirs susceptible d’occasionner des bouffées de chaleur aux plus claustrophobes d’entre vous. Chaleur, entre 12 et 16 degrés selon les espèces cultivées. Humidité, l’hygromètre disait 84%. Obscurité, juste quelques ampoules éco ici et là. Ambiance…

Mais le plus effrayant, c’est eux. Les shiitakés, que je n’achète pas souvent car un peu chers, un peu bizarres sous la dent aussi. Là, derrière un rideau de plastique, leur antre. Ils ne sont pas aussi ventilés que les autres espèces, ils ont besoin de peu d’oxygène… l’odeur est tout de suite plus agressive. Ils poussent sur des cubes de moisissure dont couleur et texture sont difficilement descriptibles. Juste devant moi, il y a le monstre, ce shiitaké qui suinte du pied, un spectacle assez cru. Quel drôle d’univers. Je ressors un peu sonnée, j’ai l’impression d’avoir visité une autre planète, ou de sortir d’un film de zombies. On nous offre une cagette de champignons (merci !!), mais ça n’y fait rien, je ne les regarderai plus jamais de la même façon. On devrait prévenir les néophytes avant qu’ils ne pénètrent dans cette grotte. « Voulez-vous vraiment savoir ? »

** Passage un peu lourd sur la reproduction des champignons… **

Je crois que c’est l’étrangeté de ces organismes qui m’a un peu choquée. Quand ils poussent dans les bois, entourés de mousse, d’arbres, de verdure (de vrais végétaux, en somme) on ne se rend pas compte à quel point un champignon est un organisme différent de tout ce bazar. Et là, c’est la biologiste qui parle (tiens, t’es là toi ?). Ces choses ne font pas la photosynthèse, vivent sous forme de minuscules fils dans le sol jusqu’à ce que – ploup ! – (vous avez bien entendu) après s’être rencontrés (les fils) et avoir formé un autre type de fils (avec des cellules à deux noyaux, ça ne rigole plus), donc jusqu’à ce que – ploup – « les conditions » font qu’ils vont former le champignon tel qu’on le mange. Et là-dedans, l’horreur sur pied : fusion de noyaux, double méiose, tout ça pour aboutir à nouveau à des cellules à un seul noyau (et des chromosomes tout seuls, pas en paire). Ces cellules sont les spores qui composent la poudre noire s’échappant des lamelles d’un champignon « bien mûr ». Les spores vont coloniser le milieu grâce au vent puis se poser au sol et enfin germer pour redonner des fils sous-terrains, les mycéliums. Quelle aventure.

** Vous pouvez reprendre votre lecture. **

Tout d’un coup tu as envie de changer le titre du billet pour « La vie des champignons est plus excitante que la mienne ». Mais non, parce que tu peux les cuisiner, et pas eux… AH Ah ah. Ils te mangeront pourtant peut-être un jour car ils se nourrissent comme toi de matière organique, mais ça, il ne vaut mieux pas y penser.

Je préfère rester sur cette adorable image de petit champignon de Paris à chapeau blond. Je vais continuer à en manger bien qu’ils me fassent un peu peur. Terriblement bon, n’est-ce pas ?
L’association Consom’Solidaire distribue ces champignons (entre autres paniers, dans le 13e arrondissement de la capitale). On peut également se rendre directement chez le producteur pour en acheter.
Un reportage sur la champignonnière apparaîtra dans les pages du prochain numéro du magazine Le 13 du Mois, sans nul doute plus complet et moins subjectif que ce que vous venez de lire plus haut !

Et ensuite ?

Ma passion dévorante pour les couleurs lance dès maintenant un appel à vos aimables contributions. Envoyez-moi par e-mail (biona -le signe avec un « a » enroulé sur lui même- foodwaytogreenheaven.com) des images de vos couleurs préférées et je créerai une rubrique à part. Il n’y a rien à gagner, désolée ;) Juste le plaisir de partager vos émotions colorées. Hop, en voici une à moi ! Un jaune impertinent qui dégourdit les yeux…

Enfin, pour clore ce come back, ode visuelle à un animal qu’un bon nombre d’entre vous affectionnent…

Merci de votre patience et de votre présence.

“Retour hétéroclite” : 16 commentaires - comments

  1. Et bien cette recette me met en appétit… Même si je suis sur de ne pas trouver ce champignon dans le coin, ça donne quand même envie d’en manger !!!
    Et puis on te pardonne, si tu reviens… et que tu restes!!

  2. Très contente de te retrouver !!! Avec une recette sacrément appétissante en plus.
    Et Joyeux SixMoisiversaire. :)

  3. :) Je vais faire de mon mieux !!

  4. Merci ! Fait plaisir de te lire ;) (Il faudrait que je fasse un beau gâteau pour fêter ça, je vais y réfléchir…)

  5. magnifique rubrique
    la recette est originale et les photos super
    merci
    G

  6. Ôna est enfin de retour ……les beaux jours arrivent !

    > Si seulement ! :)

  7. b0n ret0ur ma belle cela fait plaisir :::: b0n jeudi et sublime recette de ret0ur ::::: :)

  8. C’est un vrai plaisir de te lire de nouveau.

    Merci de cet aperçu du monde bizarrissime des champignons. Ils me font un peu peur à moi aussi, tout en me faisant penser à pleins de bons plats qui les utilisent. J’en achète rarement, car ils ne sont jamais vraiment frais par ici. Faut que je trouve une champignonnière locale !

    > Malheureusement, d’après ce que me disait le producteur, il y en a de moins en moins en France. La plupart des champignons viennent d’Europe de l’Est. Cela me fait plaisir de te croiser ici en tout cas ! La bise à Sésame que j’ai rencontré ce matin sur ton blog ;)

  9. quand mon ordi remarchera à la maison (pas te ttt d’image au boulot) tu auras mes poutres roses…
    en attendant , merci pour la révision de la sporulation fongique…un reste de mes cours trèèèèès lointains ( et je ne savais pas que les shiitakés se consommaient crus)…j’aurais adoré visité la champignonière!

  10. shiitakés crus? je ne savais pas qu’on pouvait!
    merci pour ces rappels de mitoses fungiques, ça me rajeunit
    J’aurais adoré être là à visiter les caves, merci pour le reportage.

    > De rien ! pour les shiitakés je ne savais pas non plus, j’ai juste testé ! Le goût est assez fort à la fin, je pense que ça ne plairait pas à tout le monde !

  11. Merci d’avoir donné de toi pour découvrir la vraie vie des champignons et de nous la faire partager aujourd’hui!
    Pour la reproduction, merci d’avoir éclairé ma lanterne, j’ai retenu : -ploup- et c’est bon! (Bon un peu plus que ça quand même mais j’aime bien jouer les idiotes).
    En tout cas, je suis ravie de te revoir, et ta recette pourtant toute en simplicité est juste incroyable, merci de partager ton talent avec nous!
    Bon, je ne suis pas juste une lèche botte, je suis une fan que veux tu alors bon anniversaire en retard et j’espère qu’on te retrouvera à nouveau bientôt!
    (Et toutes les vies sont passionnantes, je suis sûre que tu n’as rien à envier à un super champignon haha!)

    > BiÔna : Mlle Pigut toujours là pour me faire rougir :) Merci de ta présence ! Je vais essayer de poster une fois par semaine quelque chose de sympa, alors à très vite !

  12. Fabuleux et passionnant ce dernier billet sur la champignonnière! Et quel plaisir de te lire à nouveau! Big up to FWTGH!

    Bisous

    Dine

  13. Mais il est où, il est où l’Animal?

  14. Héhé, personne n’a vu la tête du matou ? J’ai donc bien choisi ma photo !

  15. Siii j’ai vu le chat ! Il a une belle tête tigrée et il semble narguer le photographe, du haut de son canapé ^^.

    J’aime beaucoup les associations de goûts de ton assiette d’hiver, délicieusement parfumée comme toujours :).

    > BiÔna : ah, je me doutais bien que le matou n’allait pas échapper à l’oeil de certaines ;) (tu m’avais bien fait rire avec la photo du chat lové sur son « esclave humain » !)

  16. Welcome back, BiÔna!
    Nouvelle année, nouvelles activités :) J’ai hâte de voir la suite…
    Biz
    Fab

    > BiÔna : je prépare une page axée pro, bientôt en ligne. Bises !

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